En choisissant de continuer notre aventure vers l’Australie, nous savions que ce pays ne serait qu’une escale et que nous n’aurions pas le temps de saisir ses richesses.
Notre objectif était de rejoindre Darwin, tout au nord de l’île, et d’y chercher un voilier en direction de l’Indonésie. Nous avons aussi choisi d'atterrir à Sydney, la ville la plus proche de la Nouvelle-Zélande, afin de réduire l’empreinte carbone de notre vol. Il fallait donc relier ces deux villes, distantes de plus de 4700 km de route, le plus vite possible, avant que la saison des cyclones ne complique notre quête de bateau.
Après 9 jours d’auto-stop, dont 6 jours entiers de route, nous arrivons à Darwin. 9 jours épuisants mais surtout très riches en rencontres et en découvertes. Nos 16 conducteurs (dont deux camionneurs!) nous ont partagé leur quotidien, nous ont informé de la situation politique en Australie et des lieux à visiter, nous ont appris des expressions et des musiques locales. Au final, même si nous n’avons pas pris le temps de visiter cet immense pays, l’autostop nous a offert une immersion inédite dans sa culture.
Nous avons été particulièrement marqués par les discussions avec nos conducteurs au sujet des Aborigènes d’Australie.
L’arrivée des européens en Australie débute en 1788, mais les Aborigènes et les indigènes du détroit de Torrès ne sont reconnus comme citoyens australiens que depuis 1967. Nous avons senti au cours de nos conversations que la colonisation européenne et les droits des peuples aborigènes restent des sujets controversés, comme en témoigne le référendum crucial qui a eu lieu pendant notre séjour. Le projet proposait de reconnaître les Aborigènes et les indigènes du détroit de Torrès comme les premiers habitants de l’île, mais aussi de créer un conseil consultatif qui pourrait émettre un avis sur chaque loi affectant ces peuples. Les Australiens ont voté contre ce projet, avec 60% des voix…
A Darwin, nous sommes restés plus d’un mois à fréquenter les marinas, harceler les groupes Facebook de marins et de navigation, nous renseigner sur les ferrys, les conditions météo, les itinéraires possibles pour nous rendre en Indonésie de l’ouest. Nous y avons logé grâce à HelpX, qui permet de dormir chez l’habitant en échange de quelques heures de travail par jour. On recommande pour s’immerger au mieux dans la culture locale, et faire de belles rencontres !
Qu’est ce qu’on mange ?
Le plat qui a marqué nos papilles en Australie est originaire de Malaisie, et se nomme Laksa ! A Darwin, une ville où l’immigration d’Asie du Sud-Est est très importante, la diversité culinaire s’exprime pleinement dans les restaurants et dans les marchés. A notre arrivée, c’était le Darwin International Laksa Festival : un festival annuel à l’honneur de cette soupe de lait de coco et de nouilles. On peut en trouver dans un grand nombre de restaurants de la ville, et tout le monde est invité à participer et à rejoindre la Laksa League, en goûtant et notant les laksas pour gagner des points. On a adoré le concept !
Mais plus important encore, le Laksa est délicieux. On a hâte de le goûter en Malaisie.
(il faut faire attention à prendre un “vegetarian/vegan laksa”, et pas seulement un “vegetables laksa”, car la pâte de crevettes est souvent utilisée dans la recette.)
Un lieu qui nous a marqué ?
Mount Isa
Si cette petite ville nous a marqué, ce n’est pas par sa beauté, ni par les belles rencontres qu’on y a faites.
Mount Isa était la seule étape dans le désert de notre aventure en stop. C’est le gérant du McDonalds de la ville qui nous y a emmené depuis Townsville, à 10 heures de route. Nous pensions y rester pour la nuit, et repartir le lendemain, toujours en stop.
A 8h30, nous sommes déjà sur la route armés de notre plus beau pouce en l’air. Erreur de débutants ! Il fait déjà plus de 35°C, et pas un arbre sous lequel s’abriter. Les seules voitures que nous croisons sont celles des travailleurs qui font des allers-retours entre la mine et le centre de transport. Nous attendons sous le cagnard plusieurs heures, jusqu’à ce que notre peau brûle et notre tête commence à tourner. Aucune voiture ne s’est arrêtée, même pas pour nous emmener à quelques kilomètres ! Nous rebroussons chemin au motel, un peu démoralisés mais prêts à retenter notre chance le lendemain !
A 6h du matin, nous voilà de nouveau au bord de route, pancarte direction Darwin à la main. Nous patientons de nouveau plusieurs heures, sans succès. Changement de stratégie, on se dirige vers l’aire de repos des camionneurs, grâce à une gentille mineuse. Le premier camionneur interrogé se rend à Katherine, à seulement une heure de Darwin, et accepte de nous prendre ! C’est parti pour 13h30 de route.
Morale de l’histoire : nous avons dès le départ pris une mauvaise décision en partant de Sydney en direction du Nord. Traverser le désert australien depuis le sud, à Adelaïde, aurait été plus judicieux, la route étant plus courte et plus fréquentée. Nous avons eu beaucoup de chance de trouver quelqu’un qui se dirigeait vers Katherine, car Mount Isa est une ville minière très peu fréquentée des touristes et très isolée.
Une jolie rencontre
Notre chemin croise celui de Mike alors que nous attendons au bord de la route d’un petit village australien. Nous cherchions à rejoindre Rockhampton, à 330 kilomètres de là, et Mike s’y rendait le lendemain matin. Avec une générosité spontanée, il nous propose de passer la soirée chez son ami, fraîchement propriétaire d’une ferme, et de nous conduire à Rockhampton au lever du soleil. Nous venions à peine de le rencontrer, mais Mike inspirait confiance. On accepte ! On passe une soirée mémorable avec Mike et ses amis, perdus dans la campagne australienne. On dort dans une caravane, on observe les kangourous au loin.
Le lendemain, sur la route vers Rockhampton, Mike nous raconte ses aventures de jeunesse, lorsqu’il faisait de l’autostop en Afrique. Il nous parle des Australiens, de l’histoire du pays, de Hilltop Hoods, et même de premiers secours en cas de morsure de serpent.
Mike devient rapidement le coup de cœur de cette aventure en autostop. Cultivé, drôle, plein d’anecdotes fascinantes, on se souviendra de sa personnalité chaleureuse et authentique !
Entre notre aventure en auto-stop et la recherche d’un voilier à Darwin, notre mois passé en Australie a été haut en couleurs et en émotions. Nous avons finalement choisi avec regret de quitter le pays des kangouroos en avion.
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