Avant même mon entrée en école, je voulais faire une année de césure. C’est selon moi une chance de pouvoir prendre une année de pause dans ses études pour découvrir, réfléchir et s’inspirer avant de choisir la place prise en tant que diplomé·e.
Au début, la liberté totale peut être déroutante. Quel chemin emprunter quand tu n’as plus aucune indication ? Je me suis rendue compte qu’avant ma deuxième année en école d’ingénieur·e, j’avais suivi la voie toute tracée qui m’était offerte.
Pendant cette année, plusieurs idées se sont succédées : traverser l’Atlantique avec des copains, faire un service civique en France suivi d’une mission humanitaire à l’étranger, parcourir l’Europe en train à la rencontre de projets écologiques… Toutes ces options avaient en commun le désir d’explorer des pays inconnus et de s'engager dans un projet porteur de sens.
En mars 2023, nous trouvons tous les deux des super stages de fin d’année dans des centres de recherche en Nouvelle-Zélande : le Sport Performance Research Institute pour Tanguy, et l’Antarctic Research Centre pour moi. Très vite, l’idée nous est venue : pourquoi ne pas revenir de Nouvelle-Zélande sans prendre l’avion ? Cela nous permettrait de découvrir des pays très différents tout en minimisant notre impact sur le vivant et en favorisant les rencontres avec les populations locales grâce à l’auto-stop et aux transports terrestres. Parce que nous ne voulions pas être de simples touristes mais avoir aussi matière à réflexion, nous avons décidé de réaliser des reportages sur des projets écologiques et solidaires rencontrés en cours de route. De cette manière, nous espérons que cette année de césure nous permettra de découvrir les voix de l’engagement et nous inspirera dans le choix de notre propre voie
Une fois le projet défini, nous avons dû trouver un itinéraire qui respecte nos envies, mais aussi les conditions fixées par notre université et par nous-mêmes : être de retour en France en juillet 2024 et ne traverser aucun pays classé en zone rouge (« formellement déconseillé ») et orange (« déconseillé sauf raison impérative ») selon France Diplomatie.
Pour y voir plus clair, nous avons imprimé une carte de l’Eurasie et colorié les zones en rouge, orange, jaune et vert ! Cela nous a permis de nous rendre compte de plusieurs défis :
- Pour rejoindre le continent asiatique, l’une des options est de passer par l’Australie. Cependant, la mer de Tasman, qui sépare l’Australie et la Nouvelle-Zélande, est très agitée, et les voiliers préfèrent souvent passer par les îles de Mélanésie (Nouvelle-Calédonie, Fidji, Salomon…). De toutes façons, il est difficile de trouver un (ou des) bateau(x) pour rejoindre l’Indonésie depuis la Nouvelle-Zélande, et nous savons que nous devrons nous adapter à l’itinéraire du capitaine. Cette partie de notre itinéraire reste donc incertaine.
- Pour rejoindre l’Inde (ce que nous avions initialement prévu), il faudrait traverser soit la Birmanie (zone rouge), soit le sud de la Chine, donc l’Himalaya, ce qui est faisable seulement à pied et nous prendrait beaucoup de temps au vu de la durée de notre projet. Nous avons donc renoncé à l’idée de passer par l’Inde avec beaucoup de regrets.
- Pour rejoindre l’Europe depuis l’Asie, nous pouvions opter soit pour le nord, c’est-à-dire traverser la Russie et l’Ukraine, soit pour le sud, c’est-à-dire passer l’Afghanistan, ou bien par la mer Caspienne. Les deux premières situations sont largement déconseillées en raison de la situation géopolitique.
Après de nombreuses recherches sur les moyens de transport disponibles, voici le chemin que nous avons choisi :
Nous rejoindrons le continent asiatique par bateau, puis nous découvrirons successivement l’Indonésie, la Thaïlande, le Laos, le Cambdoge et le Vietnam (en veillant à ne pas franchir la frontière entre la Malaisie et la Thaïlande, zone rouge). Nous longerons ensuite toute la Chine du littoral jusqu’à Pékin. Ici, nous pourrons prendre un train qui traversera le pays jusqu’à Urumqi (avec quelques escales). Ensuite, nous prendrons un autre train vers Almaty, ce qui nous permettra de passer la frontière avec le Kazakhstan. Après avoir visité le Kazakhstan et l’Ouzbekistan, un ferry nous permettra de traverser la mer Caspienne depuis Kuryk (Kazakhstan) vers Bakou (Azerbaidjan). Nous poursuiverons notre périple en Azerbaidjan, en Géorgie et en Turquie. Une fois de retour en Europe, nous traverserons la Grèce, l’Italie et rentrerons finalement dans nos villes respectives du sud-ouest de la France à la mi-juillet 2024 !
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